Les conditions de travail du personnel de l’E.H.P.A.D. se durcissent

Publié le par CGT Paul Nappez

Article du journal C'est à Dire - février 2018

Article du journal C'est à Dire - février 2018

Le mouvement de grogne inédit des agents des maisons de retraite le 30 janvier dernier n’a pas épargné Morteau où plus de 60 % d’entre eux étaient en grève. Le malaise est palpable

Pour la première fois, syndicat d’agents et de directeurs s’étaient unis pour la même cause. Le 30 janvier dernier, comme partout en France, ils étaient nombreux a se mobiliser pour défendre l’avenir des E.H.P.A.D. (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).

“Nous étions 76 grévistes sur 128 agents assignés à leur poste” indique Lylian Ortiz, aide-soignant à Morteau et représentant syndical C.G.T. qui évoque le “sérieux mal-être d’une partie du personnel avec une population de résidents de plus en plus âgée et dépendante. On a parfois un peu l’impression de travailler à la chaîne. Il faut toujours faire plus avec moins” déplore-t-il.

À l’E.H.P.A.D. de Morteau, ils sont 66 agents équivalents temps plein pour 96 résidents. “Il nous manque au moins un agent sur la journée” estime le représentant syndical. “Le ratio d’encadrement est de 0,69 professionnel par résident. Si l’on ne considère que l’effectif soignant, nous sommes à 0,54” complète Delphine Uring, la directrice de l’hôpital de Morteau. Ce qui signifie qu’il y a à peine plus d’un demi-agent en moyenne pour un résident. Plus que le nombre insuffisant de postes, c’est sans doute la nature du travail qui n’est plus tout à fait adaptée. “Il y a une frustration tout à fait compréhensible des agents qui n’ont pas le sentiment de pouvoir donner la qualité de soins à la hauteur de ce qu’ils souhaiteraient. Ils doivent s’occuper de personnes de plus en plus dépendantes, avec des troubles plus importants et des démences plus graves qu’avant” reconnaît la directrice.

Une preuve : l’indice mesurant le degré de dépendance des résidents, classé sur une échelle de 1 000, est passé en quelques années de 650 à 800. Aujourd’hui, avec les efforts portés sur le maintien à domicile, on entre de plus en plus tard en E.H.P.A.D. “L’âge moyen d’entrée dans notre établissement est désormais de plus de 86 ans. Notre dernier résident arrivé ici a 97 ans” ajoute Mme Uring. Sur le plan des ressources humaines, on fait donc avec les moyens du bord. Beaucoup d’A.S.H. (agents des services hospitaliers) sont donc considérés comme “faisant office” d’aides-soignants pour compenser les besoins, notamment au moment des toilettes du matin qui doivent s’enchaîner à un rythme soutenu. Un autre mouvement de grogne, plus large parce qu’il concernera toute la fonction publique est annoncé pour le 22 mars, avant “peut-être un autre mouvement spécifique aux E.H.P.A.D.” observe le représentant syndical.

Pour l’instant, aucune hausse des effectifs soignants n’est envisagée à l’E.H.P.A.D. de Morteau. Malgré les difficultés, les résidents et de leurs familles continuent à juger positivement l’E.H.P.A.D. de Morteau qui affiche un taux de satisfaction supérieur à 85 %.

 J.-F.H.

(source : article de presse du journal C'est à dire - février 2018)

Publié dans Presse

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